C’est dans le cadre du projet pédagogique “Arles Observatoire” de l’ENSP qu’est né ce travail. En utilisant Google Street View pour photographier le centre-ville historique d’Arles de la même manière que si j’avais déambulé dans ce dernier appareil photo en main, tout en exploitant les caractéristiques propres à l’outil (flous, dédoublements, noms de rue…), j’ai cherché à illustrer mon rapport impersonnel avec cette ville et mon identité artificielle d’arlésien.
Comme une réponse au pied de la lettre à l’exercice “donner à voir le territoire arlésien”, j’ai souhaité explorer la carte postale comme support de monstration, pour tirer parti de ses fonctions touristiques et archivistiques, et faire dialoguer cette imagerie avec celle de Street View pour créer une proposition dissonante, incomplète, presque absurde : refléter la gentrification de la ville d’Arles, matérialiser le digital, juxtaposer l’obsolète avec le contemporain, réinsuffler une forme d’authenticité illégitime, remettre en question la superficialité du tourisme de masse formaté et de ses modes de représentation, questionner la fonction communicationnelle du médium en n’incluant aucun texte et laisser les cartes postales vierges pour permettre une (non-)activation postérieure, etc. Autant de questions qui ont émergées de ce mariage forcé pour laisser place à des réflexions plus larges et plus complexes qu’anticipé.